Agriculture Durable
Pérou

Renforcer les communautés agricoles andines et leurs organes de représentation dans la province d’Anta (région de Cuzco) par des pratiques agricoles durables et innovantes


Contexte :

L’agriculture est la première source de revenus des habitants de la province d’Anta, au Pérou. Les variétés cultivées sont principalement le maïs, l’avoine, les pommes de terre et le quinoa, produites à petite échelle. La zone ne dispose pratiquement d’aucun système d’irrigation. Outre le changement climatique, le secteur agricole fait face à de nombreux défis : productivité faible, coûts de production élevés, faiblesse des volumes vendus (essentiellement à des particuliers), hétérogénéité des produits, retard technologique dans la gestion des produits après récolte, manque d’information sur les marchés et les prix, faible organisation entre agriculteurs et absence de valeur ajoutée des produits.

L’absence de perspectives d’emploi, la faible rentabilité du secteur agricole, le développement quasi-nul du secteur agroindustriel ou encore le désir de poursuivre des études poussent de nombreux habitants à migrer. Ce sont en général les hommes qui quittent la maison, laissant les femmes assurer à la fois les travaux des champs et la gestion du foyer. Le revenu mensuel moyen par famille est inférieur à 100 €. Près de la moitié de la population souffre de malnutrition chronique. Les enfants souffrent principalement d’infections respiratoires et parasitaires, de maladies de la peau et de troubles digestifs.

Objectif :

Ce projet sera mis en œuvre par ICU (Istituto per la Cooperazione Universitaria onlus). Il vise à améliorer la situation socioéconomique des agriculteurs de la province d’Anta à travers l’introduction de pratiques innovantes respectueuses de l’environnement, le renforcement des capacités et l’implication des autorités locales, ainsi que le développement de nouveaux débouchés commerciaux.

Activités :

Un premier volet du projet consistera à améliorer l’adaptation des agriculteurs locaux au phénomène du changement climatique, à travers l’adoption de différentes innovations (telles que la « pluie solide »), la diversification de la production (quinoa, tarhui) et la promotion de la certification biologique.

L’entrepreneuriat sera encouragé au sein des associations locales et des coopératives, par un soutien à la création d’un réseau avec d’autres entreprises prospères dans le pays. Les compétences en négociation seront renforcées et les relations directes avec des sociétés d’exportation agricole encouragées.

La participation des femmes sera encouragée dans toutes les activités menées. Un soutien sera apporté à la construction de serres destinées à la production maraîchère et gérées par des femmes, afin de favoriser leur indépendance financière tout en améliorant la sécurité alimentaire et la disponibilité de nourriture dans la région. En outre, tous les enfants de moins de cinq ans et toutes les femmes enceintes ou allaitantes bénéficieront d’une évaluation nutritionnelle. Trois sessions de formation sur les principes d’une alimentation équilibrée seront dispensées dans chaque district. Les femmes bénéficieront d’un renforcement de leurs connaissances sur les questions de santé reproductive, à travers cinq séminaires animés par un médecin et un intervenant social.

Enfin, les services offerts par les institutions publiques aux agriculteurs de la région seront améliorés grâce à de meilleures informations agro-climatiques (cinq stations climatiques seront achetées et une assistance technique sera proposée au personnel des institutions) et à leur diffusion gratuite sur le territoire via Internet.

Une vidéo témoignage de bénéficiaires est à visionner ici.

Résumé du rapport final (décembre 2021) :

Grâce au projet, quelque 230 paysans de 27 associations locales ont bénéficié d’une formation agricole pour se lancer dans la production Bio. Parmi ces agriculteurs, 138 ont obtenu une certification en matière de Bonnes Pratiques Agricoles (BPA). La coopérative COOPAINCA-ANTA est désormais en capacité de représenter ses membres, d’en accueillir de nouveaux, de promouvoir l’agriculture Bio et les techniques d’agroécologie dans sa zone d’activité, ainsi que de commercialiser ses produits. Elle recense aujourd’hui 120 membres actifs, soit une augmentation de 60 % par rapport au début du projet, où elle ne comptait que 75 adhérents. Grâce aux différentes formations dispensées (en techniques d’agroécologie, gestion, marketing et adaptation aux changements climatiques) et à la formalisation de ses procédures, la coopérative est aujourd’hui renforcée. Afin de toucher un marché plus large, COOPAINCA-ANTA a signé 4 contrats de vente, organisé 10 rencontres avec des entreprises locales d’exportation de quinoa et participé à 5 salons de promotion des produits andins. En matière d’adaptation aux changements climatiques, deux expériences pilote ont également été mises en œuvre : la production de tarhui et l’utilisation de « pluie solide ».

Sur toute la durée du projet (3  ans), 72 bénéficiaires ont consacré chaque année en moyenne 31 hectares à la culture du tarhui. La pluie solide a été testée sur environ 3 hectares, sur différentes cultures (maïs, quinoa, fèves, pomme de terre, etc.). Ces tests ont donné lieu à la publication d’une étude en octobre 2020, recommandant, entre autres, d’utiliser la pluie solide sur les sols sablonneux, où elle fonctionne le mieux. Les cultures de quinoa et de tarhui ont gagné en productivité et les agriculteurs ont pu mettre en avant leurs bonnes pratiques agricoles afin d’augmenter leurs prix de vente.

Grâce aux 25 serres installées dans le cadre du projet, les femmes ont acquis une certaine indépendance financière ainsi qu’une meilleure estime d’elles-mêmes, et ont contribué à améliorer la sécurité alimentaire et la disponibilité de nourriture dans la région. D’une surface de 4 500 m2, ces serres leur ont permis de se lancer dans la culture maraîchère (production de tomates, carottes, laitues, choux, chou-fleur, etc.), générant ainsi plus de 20 000 euros de ventes sur l’année 2020. Au total, 51 ateliers de formation à la production maraîchère Bio ont été organisés. La culture maraîchère était auparavant inexistante dans cette zone traditionnellement tournée exclusivement vers la production de céréales. 26 ateliers de formation en nutrition et 5 séminaires sur la santé sexuelle et reproductive ont également été organisés.

De meilleures informations agroclimatiques sont désormais disponibles dans la région, grâce à l’installation de 4 stations météorologiques télémétriques, favorisant ainsi l’adaptation aux changements climatiques. 3 groupes de discussion ont été organisés auprès d’associations d’agriculteurs et d’institutions locales afin de mieux cerner les défis et les besoins en matière d’informations agroclimatiques. 26 agents publics ont été formés à l’utilisation des données collectées par les stations météorologiques et un accord a été signé en octobre 2019 entre Aprodes et l’INIA relatif à l’entretien des stations, l’exploitation des données recueillies et la diffusion des informations. Les prévisions météorologiques désormais diffusées à la radio et disponibles sur l’application WeatherLink ont une incidence bénéfique considérable sur les cultures des agriculteurs de la zone.

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