Agriculture Durable
Pérou

Gestion du territoire et des ressources naturelles au service d’une agriculture durable dans les Andes péruviennes


Contexte :

31,2 millions de personnes vivent au Pérou, dont 21 % en zone rurale. Une redistribution inégale de la richesse y persiste malgré une croissance économique continue depuis plus de 15 ans. 20,7 % de la population est affectée par la pauvreté et plus de 45 % dans les zones rurales andines. L’agriculture familiale reste néanmoins importante socio-économiquement, puisqu’elle concerne 5,4 millions de personnes, soit 25 % de la population active du pays et produit 80 % des aliments consommés en ville.

Les zones montagneuses rurales d’Ancash et de Huancavelica sont d’autant plus touchées par différentes problématiques : insécurité alimentaire, changements climatiques (cycles saisonniers de plus en plus irréguliers, entrecoupés par des événements climatiques exceptionnels, pluies diluviennes, sécheresses prolongées), accès inégal à la terre, gestion peu efficiente de l’eau, pratiques agricoles inadéquates (utilisation irraisonnée d’intrants chimiques, érosion, surexploitation et contamination des ressources), dépendance aux marchés et volatilité de ceux-ci, politiques et investissements publics peu orientés vers l’agriculture familiale.

Les femmes sont encore plus exposées aux inégalités : mauvaise distribution du travail, problème d’accès à différents facteurs de production (terre, eau, semences, technologie, formation technique, crédit), analphabétisme, difficulté de participation sociale et politique. Enfin les services de prévention ne répondent pas ou peu à leurs besoins et intérêts en termes d’accès à la santé.

Objectif :

Le but de ce projet, mis en place par Eclosio, est de renforcer les capacités des familles paysannes afin qu’elles exercent leurs droits et vivent dignement de l’agriculture, en facilitant la gestion coresponsable et durable du territoire et de ses ressources grâce au développement d’activités économiques compatibles, comme l’agriculture agroécologique, avec une approche genre et interculturelle.

Activités :

Des actions de gestion territoriale et des ressources naturelles seront planifiées. Les acteurs locaux verront leurs capacités renforcées dans ces domaines. Des plans communaux seront élaborés.

Des initiatives d’agriculture durable seront également mises en œuvre comme l’élevage de cochon d’Inde, l’irrigation technicisée, la culture de fruits, les potagers scolaires, la transformation artisanale, les marchés locaux, l’écotourisme… mais également en gestion des ressources naturelles : reforestation, protection de lacs d’altitude, gestion des pâturages…

Des stages, travaux de recherche et études de cas seront réalisés. Les expériences et apprentissages qui en résultent seront capitalisés et diffusés auprès du public via des échanges.

Les partenaires seront appuyés dans leurs actions de sensibilisation et plaidoyer via des ateliers, conférences, programmes radio et réseaux sociaux.

Enfin le projet contribuera à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Leurs initiatives et innovations en agriculture durable seront appuyées. Leur participation dans les associations ainsi que sur les marchés locaux sera renforcée. Enfin, en coordination avec le Ministère de l’Education péruvien et les centres de santé, les professeurs seront formés et des outils pédagogiques culturellement adaptés pour mettre en œuvre le cours d’Éducation Sexuelle Intégrale (ESI) prévu dans le programme scolaire de l’enseignement fondamental seront créés.

Résumé du rapport final (mars 2022) :

Malgré la pandémie, le projet a globalement avancé selon les prévisions, et a atteint, voire dépassé, de nombreux résultats espérés, que ce soit au niveau des actions concrètes de terrain ou de plaidoyer politique local et national. Les activités de terrain dans les territoires ruraux priorisés sont celles qui ont été le plus affectées par la crise en raison des restrictions de déplacement et de regroupement (sauf pour les activités agricoles qui ont pu se poursuivre normalement). Des outils de gestion territoriale ont ainsi été développés et utilisés au niveau communautaire de manière participative dans 2 communes (au lieu de 3 initialement prévues). 54 personnes ont pu être formées en gestion territoriale et 13 initiatives de développement local ont été présentées aux municipalités dans le cadre des Plans de Gestion Territoriale Communale dont 10 ont été exécutées ou sont en cours d’exécution à la fin du projet grâce à des financements publics municipaux ou nationaux.

Des initiatives en agriculture durable, gestion du territoire et ressources naturelles ont également été mises en œuvre dans 3 communes. 1 050 producteurs appliquent au moins 10 pratiques agroécologiques à la fin du projet et 2 associations de producteurs ont été renforcées durant le projet : APEA (29 producteurs dont 13 femmes) et COAPAP (17 producteurs dont 5 femmes). 4 groupes de bénéficiaires ont développé de nouvelles actions concrètes en agroécologie sur 425 ha (association d’espèces fourragères ; élevage bio de cochons d’Inde ; mise en œuvre de potagers scolaires dans 8 écoles avec 400 élèves et accompagnement d’un groupe de 110 producteurs en agroécologie). 3 groupes de bénéficiaires ont également développé de nouvelles actions concrètes en gestion durable des ressources naturelles sur 145 ha grâce à des systèmes d’irrigation technicisés et 4 autres groupes ont développé des initiatives d’entrepreneuriat rural avec 2 marchés bio à Aija et Huaraz (14 personnes), la création de pépinières d’espèces fruitières (21 890 pieds) par 121 familles de Pamparomás et l’élevage bio de truites et poules pondeuses (5 familles). Le projet a par ailleurs contribué à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles avec 7 initiatives mises en œuvre par 45 femmes (amélioration de potagers bio, élevage de cochons d’Inde, « horticuy », cuisinières améliorées, un marché bio en ville, le tissage et la commercialisation locale de légumes). 59 femmes membres des associations participent aussi aux marchés locaux de manière régulière (2 fois par mois minimum) et le nombre de femmes dirigeantes exerçant des responsabilités au sein des communautés paysannes a augmenté de 24%, passant de 33 à 41 en fin de projet.

Les innovations et apprentissages du projet ont été diffusés auprès d’un large public lors de 20 événements d’échanges et de diffusion d’expériences du projet (rencontres, formations, cours en ligne, etc.) et grâce à 33 études de cas et travaux de recherches publiés (gestion du territoire, agroécologie, genre, capitalisation, etc.). Les capacités des partenaires ont aussi été renforcées en matière d’actions de sensibilisation et plaidoyer avec 18 prises de position, notes conceptuelles ou propositions de politiques publiques publiées par les partenaires depuis le début du projet en 2017. 14 campagnes ont également été organisées contre les OGM et les pesticides, pour une agriculture familiale et l’agroécologie (avec des conférences de Marc Dufumier et Miguel Altieri notamment) et 38 articles de presse ont été publiés, contribuant ainsi à des réussites notables comme l’approbation du Plan National pour l’Agriculture biologique, l’intégration de l’agroécologie dans un département du ministère de l’Agriculture ou encore le moratoire sur les OGM.

Partager ce projet sur :
© 2014 Fondation EnsembleCréditsMentions légalesCookiesFAQPlan du siteRSS