Espèces animales en danger
Cap Vert

Améliorer les connaissances sur le gecko géant du Cap Vert (Tarentola gigas), une espèce endémique et menacée qui vit dans les Réserves Biologiques Intégrales des îlots Raso et Branco


Tarentola gigas © Raquel Vasconcelos

Les îlots Raso et Branco dans l’archipel du Cap Vert, sont classés Réserves Biologiques Intégrales et sont aujourd’hui inhabités. Cette région possède de nombreuses espèces endémiques qui sont peu étudiées du fait de leur isolement géographique et des conditions logistiques difficiles pour y accéder (pas d’aéroport ou de port, pas d’eau potable et aucune infrastructure humaine permanente).

Le gecko géant du Cap Vert est un des plus grands du monde et ne vit que sur ces deux îlots. On sait très peu de choses sur la taille de sa population (que l’on imagine très fluctuante), son régime alimentaire et son comportement. L’espèce a été classée menacée surtout à cause de sa répartition limitée.

La rareté des insectes et autres petites proies sur l’îlot Raso a conduit les geckos à entretenir un lien trophique fort avec les oiseaux. Les quelques observations effectuées ont montré que les geckos se nourrissent régulièrement d’aliments régurgités par différentes espèces d’oiseaux de mer, mais aussi de restes d’oeufs et sans doute même d’oeufs entiers de puffins du Cap-Vert et d’alouettes de Raso. Il est essentiel de comprendre l’importance de ces liens, afin que les futures actions de conservation puissent avoir un impact positif global sur la survie de ces espèces. Pour ce projet, l’équipe du CIBIO se concentrera principalement sur l’îlot Raso, où vivent au moins cinq colonies différentes d’oiseaux et où le gecko est plus facile à étudier.

Pour cela, plusieurs objectifs ont été définis :

  • Déterminer la taille des populations de geckos et leur répartition territoriale. L’équipe du CIBIO développera une méthode de capture-marquage-recapture dans deux types d’habitats distincts : les rochers et la plaine. Après cette première expérimentation, la méthode sera reproduite dans cinq différentes zones autour de l’îlot pour mieux connaître la densité et la répartition de la population dans chacune de ces zones, grâce à la mise en place de transects. L’équipe du CIBIO recueillera des données biométriques, ainsi que des informations sur le ration mâle/femelle et des échantillons de fèces et de queues, afin de les analyser ensuite en laboratoire en utilisant la dernière génération de séquençage. Si les conditions logistiques sont suffisantes, la procédure sera reproduite sur l’îlot Branco.
  • Identifier les principales proies de l’espèce et évaluer l’importance de la relation trophique avec les oiseaux et les arthropodes. Une analyse minutieuse du régime alimentaire du gecko sera effectuée grâce à la technique du « Barcoding moléculaire» sur des échantillons de matière fécale. Cette technique, qui maximise la résolution, permet la détection de détails exceptionnels, d’échantillons de proie mous, minuscules, voire invisibles, et peut même corriger certaines distorsions présentes dans les modèles écologiques.

Ces informations sont essentielles pour mener à bien les plans de gestion commandités par la Direction nationale de l’Environnement (Directorate National of Environment). Cela permettra à BIOSFERA, une ONG basée sur l’île de San Vicente, de délimiter les zones de présence et d’habitat les plus importantes de l’espèce et ainsi de mieux gérer l’accès des pêcheurs à ces îlots, et d’obtenir une estimation de référence de la taille des populations pour une surveillance sur le long terme. Cela permettra également de fournir des informations fondamentales pour évaluer les possibilités de réintroduction du Tarentola gigas sur Santa Luzia (par exemple en vérifiant que les mêmes proies sont présentes dans les deux zones), où la population a disparu à cause de la pression humaine et des changements climatiques, et ainsi améliorer les chances de survie de l’espèce.

Résumé du rapport final :

Sur la période soutenue par la Fondation, CIBIO a mené différentes activités :

  • La présence de l’espèce a été notée et étudiée sur 17 sites parmi 26 sites visités sur l’îlot de Raso. Ces données ont été transférées aux autorités.
  • Le nombre d’individus sur l’île a été estimé à 500.
  • Faute d’autorisation accordée dans les temps par la Direction Nationale de l’Environnement, aucune estimation n’a été effectuée sur l’îlot de Branco.
  • 120 échantillons de matière fécale ont été étudiés et les relations trophiques entre différentes espèces établies.
  • Une brochure a été distribuée à 1 500 exemplaires.

Sur le long terme, ces recherches pourraient permettre la réintroduction de l’espèce sur l’île de Santa Luzia.

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