Espèces animales en danger
Panama

Responsabiliser les populations pour protéger les écosystèmes détériorés : Sauver le paresseux nain (Bradypus pygmaeus) de l’extinction – Phase II


Pygmy three-toed sloth (Bradypus pygmaeus)

Le paresseux nain n’a été décrit scientifiquement qu’en 2001, et on ne le trouve qu’à Escudo de Veraguas, une petite île située au nord-est de la côte du Panama. A l’origine, les scientifiques pensaient qu’il n’habitait exclusivement que dans la mangrove rouge, qui elle-même ne représente qu’une toute petite partie de l’île, et cette dépendance augmentait sa vulnérabilité. Bien que les communautés locales aient pris des mesures de protection de l’espèce, elle est toujours classée comme extrêmement menacée sur la liste rouge de l’IUCN.

L’île abrite aussi d’autres espèces extrêmement menacées : l’artibée solitaire (une chauve-souris fructivore), l’Oedipia maritima (un ver-salamandre de mer) et quatre sous-espèces d’oiseaux. Une plante endémique, le Zamia hammani, ne compte plus que quelques centaines de pieds. Enfin les plages d’Escudo sont un site important de nidification des tortues luth et sont entourées par 100 hectares de corail.

Il s’agit de la seconde collaboration entre la Fondation Ensemble et Conavi.

L’objectif de cette seconde phase est de consolider les bénéfices durement acquis lors de la première phase et d’assurer la pérennité d’une conservation de la biodiversité d’Escudo. Pendant cette première phase, un comptage du nombre de paresseux nain a été effectué, certains d’entre eux ont été équipés de GPS et d’accéléromètres. Des fèces et des poils ont été collectés afin d’étudier la santé génétique de la population. Les communautés locales ont adopté des techniques de cuisson alternatives afin de réduire leur dépendance au charbon et au bois de chauffe issu de la déforestation de la mangrove. En ce qui concerne la gestion, un Comité Directeur de la Zone Protégée a été mis en place, tandis que des patrouilles actives de police sont toujours effectuées. Finalement ce sont 250 personnes (pêcheurs, autorités locales, police, enseignants) qui ont été sensibilisées à la biodiversité de l’île.

L’amélioration des infrastructures de protection, démarrée lors de la première phase, doit encore être achevée et un droit d’entrée payant pour les visiteurs doit être instauré afin de soutenir financièrement leur gestion. Comme la dépendance de la population locale envers la pêche est en péril à cause de l’épuisement des ressources des pêcheries locales, ils ont absolument besoin d’autres sources fiables de revenus.

Pour résumer, l’objectif principal de ce programme est d’assurer la survie des espèces uniques d’Escudo, grâce à la responsabilisation des peuples indigènes Ngöbe Buglé, afin que ce soit eux qui préservent leur seul habitat.

Pour parvenir à cela, plusieurs objectifs secondaires ont été définis :

  • Imposer des mesures de protection, incluant l’amélioration de la protection et des infrastructures pour les visiteurs, afin de stopper le trafic illégal et éviter la destruction des mangroves, des bois durs et des récifs coralliens. Des actions concertées seront menées avec les autorités indigènes Ngöbe Buglé et des organisations indigènes locales.
  • Achever l’étude écologique, démographique et comportementale du paresseux nain, pour avoir une estimation fiable du nombre d’individus et démarrer le programme de surveillance permanente. Des transects seront disposés sur toute l’île. Deux comptages seront effectués pour évaluer l’éventuel accroissement ou décroissement de la population. L’écologie comportementale sera étudiée à partir des paresseux déjà équipés d’accéléromètres et de GPS, et 5 autres individus en seront dotés.
  • Mener des recherches sur l’artibée solitaire afin de connaître sa population et son écologie comportementale. Un comptage  sera effectué en capturant des chauve-souris en train de se nourrir ou de se déplacer. De plus, une équipe de recherche notera le régime alimentaire de l’Artibeus Incomitatus en identifiant les graines contenues dans les échantillons de matière fécale. L’information obtenue sera mise à jour pour la liste rouge de l’IUCN (ainsi que pour le paresseux nain).
  • Former 25 pêcheurs à entreprendre un écotourisme à petite échelle qui leur fournira une source fiable de revenus durables. D’autre part, Conavi prévoit de proposer, en association avec des chercheurs de terrain, des ateliers pour former 120 habitants de la zone sur la biodiversité de l’île, et mettre en place des activités de terrain telles que la collecte de graines de diverses espèces d’arbres (y compris le Zamia hammani) et créer ainsi une pépinière, récolter des noix de coco pour la production locale d’huile de coco (produit commercialement rentable vendu sur toute la côte caribéenne) et continuer la promotion de techniques de cuisson alternatives.
  • Renforcer le Comité Directeur de la Zone Protégée grâce à l’instauration d’un droit d’entrée payant pour les visiteurs, afin d’assurer une gestion financièrement durable et soutenir les populations côtières locales. Le Comité Directeur pourra ainsi s’assurer du soutien de la population en faveur de la conservation.

Enfin, l’équipe du projet profitera de son travail sur Escudo pour observer d’éventuelles nouvelles espèces en installant 5 appareils photos déclenchement automatique.

RÉSUMÉ DU RAPPORT FINAL (SEPTEMBRE 2017) :

Sur la durée du soutien, CONAVI a notamment :

  • Mené une étude sur différentes espèces endémiques de l’île (paresseux nain, artibée solitaire, …) ;
  • Mis en place des outils de gestion et de préservation de la zone et de la pêche, le tout financé via une redevance demandée aux visiteurs de l’île ;
  • Disposé des bouées d’amarrage et des signalétiques ;
  • Formé des pêcheurs à l’écotourisme et sensibilisé les populations locales à l’importance de protéger l’environnement.

Ce programme va désormais prendre de l’ampleur via un nouveau soutien du Ministère de l’Environnement du Panama et de Conservation International d’un montant de 250 000 USD.

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