Agriculture Durable
Equateur

Conservation de la biodiversité, promotion des pratiques agricoles durables et des savoirs ancestraux dans l’Amazonie équatorienne


La province de Napo, dans le nord-ouest de l’Amazonie équatorienne, fait face à des niveaux de pauvreté très élevés : 77 % des habitants sont en situation de pauvreté, voire d’extrême pauvreté (pour 43 % de ces derniers). La population est rurale à 66 % et l’agriculture constitue la principale activité économique.

La communauté Kichwa, qui représente 54 % de la population de la province, vit essentiellement selon un système de cultures dénommé « chakras », des parcelles agricoles traditionnelles. Les Kichwa y cultivent principalement du manioc, des bananes, du cacao, du guayusa, des chontas (palmiers) et des arbres fruitiers. Des espèces et plantes forestières y sont également exploitées à des fins médicinales ou artisanales. Toutefois, de nombreux produits chakras ne sont pas commercialisés et ont souffert de la pratique de la monoculture, qui s’est traduite par une augmentation des surfaces cultivées, entraînant une pression sur les forêts et espaces naturels protégés tels que la Réserve de la Biosphère de Sumaco (située dans la zone d’intervention du projet).

Face à cette situation, le projet proposé par FECD vise à préserver les pratiques culturelles et agricoles amazoniennes qui contribuent à la sécurité alimentaire, à la viabilité économique ainsi qu’à la conservation et à l’exploitation durable de la biodiversité au sein des communautés Kichwa de la province. Les principales actions prévues sont :

  • Soutenir la préservation du système traditionnel d’agroforesterie (le chakra) et des cultures forestières, au moyen de politiques et de stratégies encourageant la réappropriation de zones dégradées ou spoliées ;
  • Favoriser la commercialisation des biens et services durables produits dans les chaînes de valeur agricoles et touristiques du chakra, et donner aux producteurs accès à des marchés de niche permettant de pratiquer des prix plus élevés, au titre des bénéfices écosystémiques du chakra ;
  • Renforcer les capacités des leaders communautaires à gérer et à administrer les ressources naturelles ;
  • Promouvoir l’apprentissage intergénérationnel ainsi que la préservation et la perpétuation des savoirs ancestraux, afin d’intégrer une dimension culturelle dans les pratiques agro-écologiques et touristiques ;
  • Améliorer la qualité des produits, services et procédés durables liés à l’agriculture et au tourisme, afin d’obtenir des certifications locales et internationales permettant de les positionner et de les mettre en avant sur le marché ;
  • Reconnaître, démontrer et valoriser les bénéfices du chakra pour l’écosystème, et quantifier la contribution de ces bénéfices à la préservation voire au renforcement des bénéfices prioritaires de l’écosystème (préservation de la culture Kichwa, sécurité alimentaire, résilience face au changement climatique, régulation climatique, beauté des paysages, génération de revenus) ;
  • Promouvoir l’instauration et l’expansion de systèmes de production agricoles et touristiques durables participant à la conservation et à l’exploitation raisonnée des ressources naturelles.

L’un des résultats attendus du projet est qu’au moins 400 personnes aient bénéficié d’un renforcement de leurs capacités en termes de pratiques agricoles, touristiques et de production, grâce à des outils professionnels de base et à la gestion organisationnelle, intégrant une dimension culturelle et de genre, et qu’au moins 50 entités locales aient obtenu la certification de qualité de la Route ancestrale du cacao (‘Ancestral Cocoa Route seal ‘, un label pour les produits et services de haute qualité dans le secteur du tourisme).

Un autre résultat attendu est que les produits alimentaires cultivés sur le modèle chakra-Kichwa, issus d’un mode de production agro-écologique satisfaisant aux critères environnementaux, sociaux et économiques liés à l’égalité des sexes, soient également certifiés par un label. Les surfaces de culture du cacao devraient par ailleurs augmenter de 20 % sur les parcelles traditionnelles de type chakra, qui préserve les bénéfices écosystémiques, la sécurité alimentaire et les valeurs culturelles de la communauté amazonienne des Kichwa. Au terme du projet, 3 pépinières agroforestières auront également été mises en place pour fournir des semences indigènes de la province de Napo, et au moins 100 hectares de forêt auront été reboisés grâce à des politiques incitatives au niveau local.

Résumé du rapport final (décembre 2021) :

Les plantations de cacao cultivées selon le système traditionnel d’agroforesterie (le chakra) ont vu leur surface augmenter de 408 hectares (plantation de 222 hectares supplémentaires et changement de canopée pour 186 hectares déjà cultivés), ce qui a permis d’assurer la préservation des services écosystémiques, la sécurité alimentaire ainsi que le patrimoine culturel du peuple amazonien Kichwa. Le projet visait en priorité 600 femmes travaillant dans les secteurs de l’agriculture et du tourisme.

À partir de 2019, 1 365 producteurs de cacao rattachés aux associations Kallari, Wiñak et Tsatsayaku ont pu augmenter de 14 % le prix de vente de leur cacao Bio certifié. Ces trois associations de producteurs ont conclu 34 accords commerciaux permanents sur les marchés locaux et internationaux, et ont mis en place 6 parcelles expérimentales, où les cacaoyers anciens ou improductifs ont été remplacés par des cacaoyers équatoriens à arôme fin. En outre, les producteurs ont été formés aux techniques de greffe, de taille et d’assainissement des plantations de cacao. 105 hectares de sols dégradés ou cultivés ont également été reboisés sur les terres communautaires ou privées des organisations bénéficiaires.

Afin de renforcer les capacités des décideurs communautaires en matière de conservation et de transmission des connaissances ancestrales, de gestion et d’administration des ressources naturelles (gouvernance), et de mise en œuvre de pratiques agro-écologiques et touristiques valorisant une approche culturelle, 988 personnes (dont 53 % de femmes) ont participé à 24 ateliers organisés par la Cacao Field School (école de terrain cacaoyère). Ces ateliers portaient sur l’amélioration de la qualité des offres touristiques et sur l’augmentation de la productivité du cacao (marketing, techniques agricoles, gestion d’entreprise, comptabilité commerciale, taxes et droit du travail, commercialisation, etc.). 24 autres ateliers sur l’amélioration de la productivité et de la qualité du cacao, ainsi que sur l’enrichissement des offres touristiques ont également été dispensés auprès de 111 participants (dont 57 % de femmes).

Un label distinctif, le « label chakra », a été créé pour les denrées alimentaires agro-écologiques produites selon le modèle Kichwa des chakras. Un manuel sur le système des chakras a également été réalisé : principalement composé d’illustrations et rédigé dans la langue locale, il a été élaboré de manière à être facilement compréhensible par les agriculteurs. Ce manuel présente, entre autres, les outils obligatoires à utiliser dans le cadre des systèmes de garantie participatifs, tels que les formulaires de données de terrain, les règlements ainsi que le modèle de gestion.

Une analyse de marché du parcours agrotouristique a été réalisée en décembre 2018 après la validation de la nouvelle marque « Chakra, chocolat et tourisme ». À la fin du projet, 25 entreprises touristiques avaient été certifiées comme répondant à la norme de qualité de la marque (dont 13 entreprises privées et 12 entreprises communautaires), et 4 autres étaient en cours de renforcement en vue d’obtenir cette certification. Le site web du Parcours agrotouristique, son application mobile et sa page facebook sont accessibles sous le nom de « The Chakra Route ». L’activité touristique s’est très fortement réduite avec l’épidémie de COVID-19 et n’a commencé à se rétablir que début 2021, au moment de la rédaction du rapport final du projet. Les entreprises ont alors signalé une reprise de l’activité touristique, principalement nourrie de touristes équatoriens venus visiter leurs espaces naturels ouverts respectant les normes de biosécurité.

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