Technologies Durables
Inde

Activités génératrices de revenu pour la population rurale du désert froid de l’Himalaya Indien


Le nord ouest de l’Hymalaya est un désert d’altitude (2700m – 4600m) où vivent 250 000 habitants dont l’héritage culturel et ethnique est tibétain. L’environnement est très hostile pour la population avec des températures qui tombent souvent à -30°C en hiver et très peu de précipitations. Le GERES intervient dans cette région depuis 1984 pour l’amélioration des conditions de vies de ces populations grâce à l’implantation de technologies et construction écologiques et durables.

Processus de suivi pendant le programme

  • Versement en 7 tranches
  • Visite terrain de Jacqueline Delia Bremond et Nathalie Delia Wenta en mai 2008
  • 3 évaluations externes : UE (avril 2006 et septembre 2006), Geres 2007

Rappel des objectifs

Améliorer les conditions de vie de ces populations par l’introduction d’activités artisanales génératrices de revenus, améliorer la santé des populations (production légumes plus régulière), renforcer les capacités des ONG locales (6) et le rôle des femmes dans l’économie.

Résultats

Globalement, le projet est un succès, puisque la totalité des objectifs ont été atteints, ou ont même été dépassés.

Activités individuelles

  • Construction de 536 serres solaires
  • Construction de 15 fermes de volaille
  • Construction de 80 abris pour agneaux

Activités de groupe générant des revenus pour les femmes

  • Création de 29 groupes d’entraide (« Self Help Groups») de transformation et vente de la laine.
  • Création de 12 groupes d’entraide de production et vente de produits alimentaires (jus, fruits secs et confitures d’abricots et d’argousiers).
  • Création de 10 micro-centrales hydraulique (70 kW)

Impacts

Le projet a eu un impact certain sur :

  • le renforcement des capacités des femmes. Les 954 femmes ayant participé estiment : qu’elles ont plus confiance en elles (86%), qu’elles ont la capacité de créer une activité (89%), que leur implication dans leur communauté a augmenté (70%) et qu’elles sont devenues des artisanes professionnelles (88%).
  • la santé. Les familles bénéficiant d’une serre solaire mangent 5 fois plus de légumes frais l’hiver. 55 000 personnes ont pu bénéficier des légumes produits. Les familles ayant bénéficié d’un abris pour agneaux se lavent et lavent leur linge 5 fois plus en hiver.
  • le revenu des familles. Celui-ci a progressé de 11 à 41% grâce aux différentes activités : fermes solaires (+41%), produits alimentaires (+24%), abris pour agneaux (+22%), fermes de volaille (+20%), produits en laine (+11%).

Les revenus générés par les activités sont employés pour les dépenses domestiques, l’éducation, la santé, l’argent de poche, les occasions spéciales, ou pour économiser.
Exemple : 65% des propriétaires de fermes solaires déclarent être passés d’une économie d’autosubsistance à une économie de marché. L’impact le plus étonnant concerne les abris solaires pour les agneaux, que les bénéficiaires utilisent finalement comme «mutli-abris» pour développer des activités telles que l’artisanat, la lessive, la toilette, la culture de légumes, ou simplement comme source de chaleur!
Seul point négatif : en considérant une période de 15 ans, le total des bénéfices générés ne représente que 50% du budget du projet, ce qui est relativement bas.

Durabilité des actions menées

Selon les missions d’évaluation, la durabilité est assurée pour au moins trois composantes du projet, qui continueront à produire des résultats positifs pendant 5 à 10 ans : les serres solaires, les abris pour agneaux et les micro-centrales hydrauliques.
Le projet a également reçu un prix aux Ashden Awards 2009, récompensant les projets d’énergie durable dans les pays en développement.

Réplicabilité envisageable ?

Le projet s’est appuyé sur 6 ONG locales (3 ONG «ressource» et 3 de proximité). Selon une évaluation du GERES, ces dernières sont capables d’autorépliquer les composantes du projet par elle-même à hauteur de 82% en moyenne. Le projet a été largement documenté, de manière à ce qu’il soit réplicable dans et en dehors de la zone de projet.
Le principal succès de réplicabilité concerne les serres solaires : dans la région du projet, de nouvelles serres solaires ont été créées par les bénéficiaires eux-mêmes, ou par les habitants de villages non bénéficiaires. Des serres solaires ont également été créées dans d’autres régions en Inde à l’aide des gouvernements locaux, mais aussi au Népal, en Chine, en Afghanistan, au Kyrghizstan et Tadjikistan, et une communauté régionale a été créée (solargreemhouse.org)
Un transfert de technologie Sud-Nord a même été réalisé, avec la création et l’étude de l’adaptabilité d’une serre solaire dans les Alpes.

«Incontestablement, le Geres fait du bon travail, même si l’énergie et le nombre d’intervenants paraissent un peu disproportionnés au regard des résultats. Au Ladakh, ils sont les seuls à faire ce travail, et l’amélioration des conditions de vie de nombreuses personnes est évidemment due à leur action. Il faut continuer à les encourager tout en examinant avec soin leur budget, qu’ils définissent toujours largement»
(Jaqueline Delia Bremond, mai 2008)

Conclusions de l’évaluation Ex-post

Visite réalisée par Luc Bonamour en Juillet 2012 (soit 3 ans et demi après la fin du projet)

Conclusions

Il s’agit d’un projet mis en œuvre par le GERES, en consortium avec Borda, et en partenariat avec cinq ONG locales.
Les principaux résultats ont, dans l’ensemble, largement dépassé les objectifs initiaux (accompagner la mise en œuvre d’activités artisanales, notamment, le maraîchage sous serres ; améliorer la santé des populations ; développer le rôle économique des femmes et renforcer les compétences des ONG locales) et l’impact est élevé puisque le projet touche, dans la région, 6 % de la population rurale la plus pauvre. Les acquis du projet sont (par ordre décroissant) pertinents (100 %), visibles, efficaces (80 %), durables (70 %) et efficients.
Il faut, enfin, souligner les conséquences désastreuses d’inondations (sur des reliefs montagneux désertiques accentuant, ainsi, le dévalement de l’eau) qui ont lieu régulièrement, et la dernière fois en août 2010, et qui ont, notamment, touché les districts de Leh et de Kargil, tant en ce qui concerne les équipements publics (ponts, routes…) que les infrastructures privées (maisons, cultures en terrasse, serres, abris…).

Recommandations

  • Aborder de front les contraintes majeures que constituent – pour le bureau de l’agence – les coupures de courant (21 heures sur 24 heures), par l’installation d’un back-up UPS ou d’un groupe électrogène, et l’accès aléatoire à internet qui nuisent grandement à l’efficacité non seulement du GERES mais aussi des cinq ONG locales partenaires.
  • Améliorer l’équipement des bureaux (en envisageant une extension ou un déménagement), notamment, par la disponibilité d’une salle de réunions et de rangements plus fonctionnels.
  • Mettre à la disposition de l’agence du GERES à Leh un véhicule 4*4.
  • D’une façon générale au niveau des ONG locales, il nous semble qu’un effort important doit être fait pour que transparaissent plus de rigueur et de méthode à tous les niveaux (horaires, organisation, répartition des tâches, classement, rangement, rapports, compte-rendus…).
  • Le champ géographique du projet est, certes, passionnant, mais apparaît très ambitieux quand on sait que la surface couverte représente environ 73 000 km2 (avec des villages à plusieurs jours de route de Leh) qui est très largement inaccessible en hiver et qui comprend un éventail extrême- ment divers de ressources naturelles, de moyens d’existence et de contextes socio-économiques.
  • Les cofinancements de projet ne permettent pas de suivre suffisamment précisément ce qu’a été l’apport spécifique de chacun des cofinanciers dans un projet qui, de surcroît, comprend, souvent, plusieurs phases : il faudrait que la situation de départ soit mieux formulée pour bien comprendre les enjeux du projet à financer et, notamment, indiquer très clairement quels ont été les réalisations effectives jusqu’à la mise en place du financement par un nouveau bailleur.
  • On reste toujours dubitatif de la précision, à l’unité près, de résultats concernant des milliers de bénéficiaires !
  • Ne pas privilégier la composante « maraîchage sous serre » qui est, certes, un excellent produit d’appel du projet mais qui tend à masquer la stratégie et la logique d’ensemble de l’intervention et certaines composantes du projet.
  • Compte tenu du maillage financier existant dans la zone (les institutions de microfinance y sont peu actives, mais certains SHG prêtent de l’argent aux villageois et on constate que les promoteurs empruntent à leurs familles et à leurs amis et qu’il existe, aussi, des possibilités de troc), il serait utile de développer, de façon plus systématique, les tontines (« savings and loans groups »), par exemple, pour le financement de la contribution des bénéficiaires de certaines composantes du projet.
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