Espèces animales en danger
Equateur, Galapagos

Conservation du Géospize des mangroves (Camarhynchus heliobates), une espèce en danger critique d’extinction sur les îles Galapagos


Mangrove finch © Juan Manuel García

Autrefois, le territoire du Géospize des mangroves s’étendait à travers les mangroves des deux îles occidentales des Galapagos. Mais, après une importante diminution de la population au début du XXème siècle, sa zone d’évolution n’est plus aujourd’hui réduite qu’aux deux plages de Playa Tortuga et Caleta Negra, soit une superficie totale de seulement 30 hectares, au Nord Ouest de l’île Isabela. Sa population n’est estimée qu’à seulement 100 individus et il y a moins de 20 couples reproducteurs. Sans une intervention de conservation, la réussite de nidification d’un géospize est extrêmement basse à cause de la forte mortalité liée aux espèces invasives.

L’objectif principal de ce projet est de mettre en place une politique intensive de conservation, afin de réduire au maximum le risque d’extinction du Géospize des mangroves, en augmentant le taux d’éclosion des oeufs à chaque saison, et en réduisant le taux de mortalité des oisillons dû aux larves parasites de la mouche Philornis Downsi et de la prédation des rats qui ont été introduits. En même temps, les capacités des Equatoriens seront développées via des formations pratiques sur les techniques de protection des oiseaux en danger. De plus, le projet comporte une composante sensibilisation, afin d’améliorer les connaissances de la population de Puerto Villamil (la ville la plus peuplée sur l’île d’Isabela) sur le Géospize des mangroves, où de cet oiseau est présenté comme une espèce emblématique pour montrer l’importance de la protection du milieu naturel de la mangrove, comme la zone humide classée Ramsar qui entoure le canton.

La Fondation a soutenu ce projet une première fois en 2016

À l’époque, il n’y avait pas de méthode viable pour protéger les oisillons dans leur habitat naturel et les oeufs et/ou oisillons devaient être retirés et élevés en captivité avant d’être remis en liberté (méthode « head-starting »). Après 4 ans, ce programme a permis de relâcher avec succès 39 oisillons qui n’auraient pas survécus sinon et depuis certains ont été observés dans la nature et même certains se sont accouplés – notamment une femelle ayant désormais élevé 3 couvées. Néanmoins, cette technique a été un défi logistique et technique et, bien que pendant 2 saisons il y ait eu un fort taux de survie des poussins élevés en captivité, ce taux fut faible pour les deux autres. De plus, la collecte d’oeufs et/ou oisillons interrompt le cycle de reproduction des oiseaux adultes. En conséquence, les équipes du projet ont été obligées de trouver une technique pour protéger les oisillons dans la nature, leur permettant de s’envoler naturellement. En 2017, l’équipe terrain a essayé une nouvelle méthode, développée par des collaborateurs sur des espèces de pinsons plus communes, pour protéger les géospizes du parasitisme sans avoir à les retirer du nids, technique qui s’est avérée efficace. En injectant avec précaution une solution insecticide (permacap) dans la base des nids, le nombre de Philornis downsi a été réduit et les poussins ont pris leur envol. Des soins supplémentaires sont apportés aux poussins en éliminant les parasites trouvés et en leur fournissant une alimentation complémentaire. Depuis 2017, au moins 26 poussins ont pris leur envol dans des conditions naturelles à la suite de cela et des individus des nids traités ont maintenant été observés en train de se reproduire. Ces résultats démontrent la nécessité de poursuivre la gestion intensive de la conservation pour augmenter la population de géospizes jusqu’à ce qu’une méthode de contrôle viable à grande échelle de Philornis downsi puisse être déterminée (un projet distinct, le projet Philornis, est axé sur la recherche dans ce domaine).

La Fondation soutient une nouvelle fois le projet en 2020 pour un montant de 7 000 €

Une étude terrain intensive de deux mois sera menée jusqu’à début 2021 durant laquelle l’équipe se concentrera sur l’amélioration des reproductions des géospizes sans avoir à retirer les oiseaux de leur habitat naturel. Les nids seront localisés et traités avec une solution permacap afin de réduire le nombre de larves. Les résultats entre cette nouvelle méthode, qui sera utilisée pour la quatrième fois, et celle du prélèvement des œufs pour éclosion surveillée seront comparés. De plus, pour réduire la prédation des nids, le contrôle contre les rats introduits sera mené tout autour de l’habitat du géospize. Des données sur la population seront récoltées : zone d’occupation, taux de survie, capture/recapture, collecte de sang pour analyse ADN et des maladies… De la nourriture supplémentaire sera également fournie afin de savoir si elle est utile pour l’espèce dans des périodes de faibles intempéries et de disponibilité de nourriture limitée. L’habitat forestier de mangrove local, dont dépend le géospize, sera également étudié pour aider les futures décisions de gestion. Le personnel local sera impliqué dans tous les aspects de ces activités sur le terrain. Enfin la sensibilisation continuera auprès des écoliers et des communautés locales de l’île d’Isabela.

Résumé du rapport final (Octobre 2021) :

Deux voyages d’études d’une et six semaines ont été menés. Les personnes présentes étaient moins expérimentées car l’équipe habituelle n’a pas pu se déplacer à cause de la crise sanitaire.

Un total de 30 oiseaux bagués a été identifié, dont trois individus issus de l’élevage au centre, et cinq individus qui s’étaient envolés de nids ayant reçus une injection du produit. L’équipe estime à 100 le nombre d’individus dans la zone.

À cause du manque de personnes ayant la capacité d’escalader les arbres, l’équipe n’a injecté la solution que dans des nids atteignables via une perche. 11 nids ont été ainsi traités et 3 oisillons ont pu prendre leur envol d’un seul.

Les stations d’alimentation ont été réapprovisionnées. Le défi est d’amener les oiseaux sauvages à reconnaître cette nouvelle source de nourriture.

2 rats ont été détectés et un piégé.

L’équipe a également commencé à tester la faisabilité de distributeurs de matériaux de nidification (plumes de poulet stérilisées, coton et fibre de coco imprégnés d’un inhibiteur de croissance d’insectes).

Des actions de sensibilisation ont également été menées.

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