Retours de la mission d’Olivier Braunsteffer au Pérou
Le Directeur de la Fondation s’est rendu en juillet dernier en mission au Pérou auprès de 6 projets en phase de sélection, en cours de mise en œuvre, ou encore clôturé. Une mission comme la Fondation en programme régulièrement pour appréhender en partie la complexité des contextes d’intervention, se mettre à l’écoute des acteurs du terrain et installer un dialogue souvent très fructueux. Trois semaines intenses, dont les fruits ont été partagés le 21 septembre dernier au cours du Déjeuner annuel du Collège des Experts.
La première visite s’est déroulée au sud de Lima dans la mine d’or certifiée MACDESA. « Visite très probante quant aux résultats obtenus sur les systèmes de production et de commercialisation ainsi qu’en matière de protection de l’environnement » a déclaré O. Braunsteffer. « L’un des enjeux à venir pour notre partenaire Alliance for Responsible Mining (ARM) va être maintenant de tenter d’intégrer certaines mines informelles à leur processus de certification ‘Fairmined’ ». Sans toutefois minimiser la complexité du contexte.
Avec les équipes d’Autre Terre, Olivier Braunsteffer a traversé ensuite les cultures agro écologiques d’avocats, de quinoa et de tara des producteurs de la coopérative Fruits des Andes (Frutos del Andes). Déjà bien implantée sur les hauts plateaux du nord du Pérou à Ayacucho, cette coopérative a su diversifier ses productions au fil du temps et optimiser les systèmes d’irrigation pour faire face aux risques climatiques. Mais la Fondation relève une fragilité : son manque de fonds de roulement. «Fruits des Andes n’a pas les moyens en l’état de stocker les récoltes achetées aux producteurs et de vendre lorsque les cours deviennent plus favorables » a précisé O. Braunsteffer. « Comment dès lors assurer sa pérennité ? C’est un point capital sur lequel la Fondation a les moyens d’intervenir ».
Le troisième projet visité est lui aussi en cours de sélection. Il est situé sur le versant amazonien des Andes dans la vallée d’Alto Mayo, où 70% de la forêt a disparu, remplacée par des champs de monocultures (riz et café). Conservation International (CI) vise à rétablir sur les terres appartenant aux indiens Awajuns des corridors forestiers ainsi que des cultures plus respectueuses de l’environnement, dont la culture de plantes médicinales en forêt et des dizaines de variétés natives de manioc.
A l’inverse, le précédent projet de CI vers lequel le directeur de la Fondation s’est dirigé ensuite est clôturé depuis 2015. « Les résultats observés sont stupéfiants ! Déjà excellents dès la fin du projet, ils sont aujourd’hui remarquables » : Plantations de café à l’ombre des arbres mêlant essences à croissance rapide et lente, diversification des productions (dont la vanille), installations de séchoirs solaires, utilisation de latrines écologiques, développement de petits élevages, de jardins maraîchers agroécologiques très riches. Tout cela ne peut que conforter la confiance de la Fondation envers son partenaire de longue date et ce type de projet.
Le projet suivant concerne la même thématique. Il est porté par Nature and Culture International. Un de ses agriculteurs va soulever une problématique importante : l’apparition de parasites tels que la rouille (la roya) qui serait plus fréquente sous couvert forestier. Un vrai fléau ! Le projet montre une bonne dynamique d’ensemble. Mais pour O. Braunsteffer, il faut encore progresser dans la mise en place des techniques d’agroforesterie. « On ne peut pas demander aux producteurs de planter des arbres, sans se préoccuper des risques sur leurs cultures et sans trouver de solutions », a conclu le directeur de la Fondation qui s’est également montré très intéressé par un projet de monitoring de la biodiversité mené par CI sur les zones de plantations sous couvert forestier. « Cette étude permettra de s’assurer si l’on est sur la bonne voie pour trouver un compromis entre développement agricole et préservation de la biodiversité ».
Le dernier projet visité mène la Fondation aux côtés de Rainforest Foundation UK qui participe à la lutte contre la déforestation dans la partie amazonienne du pays. Ses équipes y déploient une application mobile (voir la fiche technique) à l’attention de neuf communautés indiennes.
Les échanges sur place avec les équipes vont faire émerger quelques pistes de réflexion. Pour optimiser le développement de cette technologie innovante, une prise en compte de chaque contexte est indispensable : degré d’isolement des communautés, différences de surface à surveiller (de 3 000 à 56 000 hectares !), protocole d’utilisation et de maintenance du matériel, risques de violences, et implication des femmes dans la surveillance…
Autant de points évoqués au plus près de la réalité du terrain, pour que les projets puissent se développer dans les meilleures conditions possibles. Là est bien l’objectif premier de ce type de mission.