« On oublie trop souvent que tout ce que l’on produit et/ou consomme aboutit tôt ou tard dans les océans… »


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Aujourd’hui plus de 50% de la population mondiale réside à moins de 50 km du littoral. Les répercussions environnementales et humaines sont considérables. Le monde se ‘littoralise’. Marie Christine Huau*, membre du Collège des experts de la Fondation nous aide à comprendre les mécanismes en cours, les enjeux et le bien-fondé d’une gestion intégrée des espaces côtiers.

Qu’entendez-vous par gestion intégrée des zones côtières ?

Il s’agit d’une approche globale, qui met en synergie l’ensemble des données d’un territoire appliquées au littoral, à l’interface Terre et Mer. Trop souvent on ne voit la mer que du côté de la terre. Les marins le savent bien quand ils approchent des côtes, la vision est bien différente.
Nous devons changer de paradigme pour sauver les côtes et le littoral. La gestion intégrée est une approche systémique transverse qui permet de mettre en œuvre de façon cohérente et durable des mesures à la fois préventives et réactives contre les pollutions ponctuelles et diffuses. Tout est lié. On sait par exemple qu’en tirant de plus en plus d’eau dans les nappes souterraines proches du littoral, on favorise l’intrusion saline dans les nappes. Les ressources pour l’eau potable et pour l’irrigation des cultures sont ainsi fragilisées, sans oublier le risque d’infertilisation des sols. C’est donc tout le territoire qui est impacté. On ne peut pas non plus préserver la biodiversité d’une zone durablement si par ailleurs on ne se préoccupe ni d’anticiper les effets des dérèglements climatiques (orages, inondations, sécheresse…), ni la prise en compte des phénomènes telluriques et anthropiques locaux et régionaux. Tout est imbriqué.

Quel modèle économique vertueux préconisez-vous ?

Là aussi nous devons changer de paradigme. Nous avons à mettre en place les bases d’une économie circulaire et faire le lien dans nos actions entre la terre et la mer. L’interface Terre/Mer est un élément clé pour l’avenir de la planète. C’est là que s’exacerbent toutes les tensions et grandissent tous les risques, là où se déplace la population… Le trait de côte est un enjeu vital. Prenons l’exemple des déchets : 80% arrivent à l’océan. On parle de 7ème continent fait de plastique, avec de nombreuses contaminations d’espèces marines, dont certaines entrent dans notre consommation par la dissémination dans la chaine alimentaire des océans. Mais aucun modèle économique n’a été développé pour régler ce fléau. On commence juste à dire qu’il faut bannir le plastique des productions avec un effet dans plusieurs années. De même, si nous ne créons pas de nouvelles filières permettant de ‘décarboner’ nos activités, comment parviendrons-nous à lutter contre les dérèglements climatiques et leurs conséquences ? L’océan fonctionne aujourd’hui comme une éponge. Jusqu’à quand ? La finitude de la planète est une évidence. Il est urgent de basculer sur des logiques systémiques qui prennent en compte les territoires dans leur globalité, et d’encourager des politiques de moyen et long terme. Car tout cela nécessite bien sûr du temps : 5 à 10 ans. Un de mes rôles en tant qu’expert et développeur est de montrer et démontrer que les investissements consentis aujourd’hui s’avèreront payants dans quelques années, vecteurs d’autonomie et de durabilité.

Les exemples autour d’une gestion intégrée de l’eau montrent que c’est surtout la rareté qui mobilise…

Oui souvent, à l’instar du Maroc. Les eaux usées y sont désormais collectées, traitées et en partie réutilisées dans l’irrigation des espaces verts et des installations balnéaires comme les parcours de golfs. Les eaux côtières ont retrouvé une qualité sanitaire permettant le retour de la baignade. C’est devenu la fierté du gouvernement. Lors de la COP22 à Marrakech, aux côtés du prince SAS Albert II de Monaco et de Mme la Ministre Ségolène Royal, la Ministre de l’environnement marocain prônait sa satisfaction de concilier développement urbain et économique avec préservation de l’environnement côtier. Nous pourrions aussi évoquer certaines régions de Namibie, où l’eau potable provient pour l’essentiel du recyclage des eaux usées traitées à haut niveau de performance. Et, l’expérience de Monaco est également remarquable. 17% de l’énergie produite par la Principauté est fournie par la technologie des pompes à chaleur en mer ; c’est-à-dire qui utilise l’énergie calorique de la mer, énergie pérenne de proximité et décarbonée. Une filière s’est mise en place, respectueuse de la biodiversité marine environnante. Toutes ces initiatives servent la biodiversité. L’homme doit vivre avec la nature et non à son côté.

Vous êtes membre du Collège des Experts depuis la création de la Fondation Ensemble, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

L’opportunité de partager au sein d’un réseau d’experts, les passions et les expertises de chacun et l’espérance qu’ensemble, on peut apporter du ‘mieux’. J’ai la conviction qu’on ne peut pas se contenter d’être expert dans sa catégorie. Il est des actions dans lesquelles on ne se serait pas engagé si on n’avait pas confronté nos idées pour coconstruire. C’est au croisement des expertises que l’on avance. Pour moi, le mot interface est au cœur de la façon d’aborder les enjeux de demain : interface terre-mer, interface au croisement des expertises, interface générationnelle, afin de coconstruire ensemble. J’apprécie aussi la méthodologie de la Fondation : chaque projet est expertisé avec nos différentes visions, de sa conception et jusqu’à son exploitation sur le terrain. Je suis ravie que la Fondation ait choisi une voie d’approfondissement et de consolidation sur quelques secteurs et pays, plutôt que du saupoudrage de projets au gré des offres. Elle a su ainsi créer son propre espace et sa spécificité parmi les acteurs déjà très nombreux et sur le terrain, auprès des bénéficiaires. Son action est reconnue et appréciée. C’est une vraie satisfaction d’y apporter ma contribution !

*Biographie

Membre du collège des experts de la Fondation Ensemble depuis sa création en 2004, Marie Christine Huau est spécialiste de la gestion des eaux et de l’environnement. Agronome, experte en océanographie côtière et biodiversité marine, elle dirige, depuis 2007, des projets innovants de développement en gestion des ressources et du cycle de l’eau, en aménagement urbain et littoral au sein de Veolia.

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